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6 novembre 2006

commentaire de "A tous les enfants" de Boris Vian 2

"A tous les enfants"

Boris Vian

A tous les enfants

            Qui sont partis le sac au dos

            Par un brumeux matin d’avril

            Je voudrais faire un monument

A tous les enfants

Qui ont pleuré le sac au dos

Les yeux baissés sur leurs chagrins

Je voudrais faire un monument

Pas de pierre, pas de béton

Ni de bronze qui devient vert

Sous la morsure aiguës du temps

Un monument de leur souffrance

Un monument de leur terreur

Aussi de leur étonnement

Voilà le monde parfumé

Plein de rires, pleins d’oiseaux bleus

Soudain griffé d’un coup de feu

Un monde neuf où sur un corps

Qui va tomber

Grandit une hache de sang

Mais à tous ceux qui sont restés

Les pieds au chaud sous leur bureau

En calculant le rendement

De la guerre qu’ils ont voulue

A tous les gras tous les cocus

Qui ventripotent dans la vie

Et comptent comptent leurs écus

A tous celui-là je dresserai

Le monument qui leur convient

Avec la schlague, avec le fouet

Avec mes pieds avec mes poings

Avec des mots qui colleront

Sur leurs faux-plis sur leurs bajoues

Des larmes de honte et de boue.

Boris Vian 1954-59, Chansons (chez Christian Bourgois).

            Mon commentaire du poème de Boris Vian :

Chansons est un recueil de poèmes écrits entre 1954 et 1959 c'est-à-dire après la Seconde Guerre Mondiale par Boris Vian, écrivain du XXè siècle, très engagé, antimilitariste et antiraciste. Ses poèmes comme leur titre du recueil l’indique étaient destinés à être mis en musique.

            Le poème « A tous les enfants » en est extrait. Il oppose l’innocence des enfants à la cruauté de ceux qui ordonnent la guerre.

Par quels moyens, l’auteur dénonce-t-il le système de la guerre et ses conséquences ?

            A la faveur de l’étude du contraste e l’évocation des enfants très imagée avec celle des chefs plutôt ironique, nous essayerons de montrer les méfaits de la guerre dénoncés par le poète.

            D’emblée, nous pouvons repérer la mise en exergue, dès le début du poème, composé d’une seule strophe, et réitéré au v.5 de « A tous les enfants, ce qui indique une dédicace de l’auteur aux enfants. De plus, il y a une rupture au niveau métrique car ce vers est seulement composé de cinq syllabes alors que le poème est écrit en octosyllabes. Ce changement de m étrique accélère le rythme. Grâce à cette divergence de rythme, le poète n’approfondit pas le passé des enfants, il parle directement des dégâts de la guerre. En effet, seuls les quatre premiers vers parlent de la vie des enfants tandis que les trente vers restants parlent de la guerre et de ses défauts Si on considère les huit premiers vers, on peut voir une certaine symétrie de construction. Effectivement, les vers 1 et 5 sont identiques tant par leurs formes que par leurs sens « A tous les enfants », les vers 2 et 6 sont composés grammaticalement de la même façon c'est-à-dire le m^me pronom relatif « Qui » en début de vers suivi d’un passé composé exprimant une action passée mais ayant encore des conséquences sur le présent et d’une même expression située à la rime « le sac au dos ». Les vers 3 et 7 nous dépeignent la tristesse des enfants avec les termes « brumeux », « les yeux baissé », « leurs chagrins ». Enfin, les vers 4 et 8 sont identiques : « Je voudrais faire un monument ». La volonté du poète, exprimée au conditionne, serait de rendre hommage aux enfants grâce à ce monument (s’il pouvait).

            Dans ce poème, l’enfance est connotée positivement avec la métaphore filée « le monde parfumé / Plein de rires » (v.15-16) nous révélant un monde joyeux.  Les enfants sont également décrits de façon méliorative avec « oiseaux » sauf qu’il est suivi de l’adjectif « bleus » qui connote le froid, la maladie et surtout, dans ce poème, la mort alors que le terme « oiseaux » désigne la liberté.

            Ensuite, ceux qui ordonnent la guerre sont, contrairement aux enfants, présentés de manière péjorative avec l’emploi de l’ironie aux v. 21 à 27 : « Mais à tous ceux qui sont restés / Les pieds au chaud sous leur bureau […] A tous les gras tous les cocus / Qui ventripotent dans la vie / Et comptent comptent leurs écus ». La conjonction de coordination « Mais » marque une opposition entre les enfants et les autres décrits ici par des périphrases très dépréciatives. La réitération de certains mots tels que « tous » ou « comptent » scande le poème et font accélérer son rythme.

            Après l’étude de la description imagée des enfants et de celle plutôt ironique des dirigeants, nous chercherons à montrer quels sont, selon Boris Vian, les méfaits de la guerre.

            Tout d’abord, la présence d’une métaphore sur l’enfance brisée par la guerre aux v.15 à 17 : « Voilà le monde parfumé […] Soudain griffé d’un coup de feu » peut s’interpréter par le fait que la guerre détruit tout et en particulier l’enfance. Une autre métaphore renforce cette idée : « Un monde neuf où sur un corps / Qui va tomber / Grandit une hache de sang (v.18 à 20). Ici, de surcroît, les changements aident à imaginer le poème. En effet, les v.18 et 20 sont des octosyllabes alors que le vers 19 est un tétrasyllabe. Ce dernier fait accélérer de façon brutale, la chute de la hache sur le corps, ce qui rend la scène encore plus réaliste. Puis, la conjonction de coordination « Mais » (v.21) marque une rupture avec ce qu’il y a avant, avec l’innocence de l’enfance. L’emploi de ces procédés corrobore avec notre hypothèse sur le fait que ces gens en ordonnant la guerre ont détruit des enfances si pures et si innocentes.

            Par ailleurs, une première lecture suffit à nous faire remarquer une adéquation entre le sens du poème et sa forme tout en longueur rappelant le monument aux morts. Or, on peut différencier deux monuments très différents. Le premier serait dédié aux enfants et évoquerait leur douleur exprimée avec les substantifs « souffrance », « terreur » et « étonnement » (v.12-13 et 14). Le système anaphorique de « un monument » renforce la volonté de Boris Vian de leur rendre hommage. En revanche, le second monument serait donc dédié à ceux qui ordonnent la guerre. Il serait tout comme leurs attitude et comportement. Le poète l’évoque avec des substantifs dépréciatifs tels que « la schlague », « le fouet », « mes pieds », « mes poings » « des mots » qui forment un champ sémantique de la violence. Ce champ lexical illustre très bien l’engagement du poète contre la guerre et ses méfaits. De surcroît, l’itération de la préposition « Avec » forme un système anaphorique qui renforce et exagère l’évocation du monument consacré aux dirigeants.

            A l’issue de cette étude, il apparaît clairement que, grâce à une opposition marquée de l’évocation des enfants et de celles des personnes qui veulent la guerre le poète Boris Vian est contre la guerre qui détruit tout et en particulier l’enfance et les enfants.

            Nous pouvons rapprocher ce texte à celui de Victor Hugo, « L’Enfant » extrait des Orientales puisqu’ils traitent tous les deux de la destruction de l’enfance due à la guerre.

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Commentaires
A
Si en effet les enfant de la du poème sont en faite les soldat Boris Vian parle des hommes qui sont partis à la guerre que l’on nommait « les enfants de la patrie ».Pendant la guerre de très jeunes adultes partaient pour la guerre.
M
Mais les enfants du poème ne serait ils pas en fait les soldats partant au front ?
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